Eyne, au-dessus de ce petit village des Pyrénées-Orientales, en remontant vers la vallée, il y a cette petite rigole qui, à flan de montagne détourne et collecte les eaux, épouse et joue avec les contours. Je n’ai jamais compris pourquoi j’avais cette attirance pour ce lieu, elle n’a rien d’exceptionnel, un mélange de zinc ou d’aluminium très très loin de la beauté des constructions en pierre. Pourtant elle est là, un chemin étroit en terre battue qui la longe. L’hiver elle n’est que glace, l’été son flux continu laisse une musique douce aux oreilles comme une caresse.
Peut-être que j’aime y aller, y flâner parce que sans cesse la lumière y change sur ses surfaces réfléchissantes, que la photographie y devient poétique, que les formes obtenues invitent à la suggestion tant optique que pariétale, que l’on frise la question de l’éphémère et du temps et que la photographie prend tout son sens dans ses qualités et ses capacités à introduire d’autres réels. Incorporer, disséminer, laisser l’image raconter d’autres histoires…